Notre Journée d’Etude « Temps, Incertitude et Création » a suscité un vif intérêt de la part des participants qui ont pu se rendre disponibles malgré les problèmes de transport.
Après une introduction de Mathieu Guilbert, sur la genèse de cette journée, celle-ci a vu se dérouler successivement les temps forts qui sont décrits ci-dessous.
L’exposé de Benoit Malpaux (ex-DRH et DRSE de l’INRAE) et les questions qui lui ont été posées ont permis d’aborder entre autres les thématiques suivantes : les raisons d’une certaine crise de la Recherche (elle produit de plus en plus de connaissances, mais de moins en moins de ruptures) ; l’impérieuse nécessité de retrouver du temps pour être plus créatifs ; l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle ; le choix des indicateurs d’évaluation pour favoriser la créativité ; le management du collectif ; la mise en place d’une vraie responsabilité sociale et sociétale ; la crainte et l’appui sur le conservatisme pour certains managers….
L’exposé de Danielle Sancier (Déléguée régionale Nouvelle Aquitaine de l’APEC) et les débats qui ont suivis ont permis de développer entre autres les aspects suivants : les conditions d’une expérimentation réussie ; le tâtonnement dans la construction d’un management collaboratif ; la relation art-management comme déclencheur pour sortir du cadre ; le temps de l’écoute ; l’importance des échanges hors professionnel ; le changement de posture managériale induit par la co-construction ; les petits collectifs comme lieux de résolution de l’incertitude…
Dans son intervention, Gilles Amado (professeur émérite de Psychosociologie des organisations à HEC – chercheur associé au Centre de Recherche sur le Travail et le Développement du CNAM) a mis en perspective ces témoignages en insistant notamment sur : les modes managériales qui conduisent à une psychologisation des relations de travail ; les différentes formes de résistances des salariés face à cette situation ; le dilemme des dirigeants : retour à l’autoritarisme ou tolérance à l’incertitude ; la nécessité d’offrir des espaces transitionnels ; le fonctionnement des populations « jeunes » vis-à-vis des entreprises ; l’intelligence rusée (métis) ; les résultats remarquables d’une étude anglaise sur la semaine de 4 jours…
Après une pause permettant « d’infuser » la richesse de ces interventions et des débats qu’elles ont suscités, l’écrivaine finaliste du prix Goncourt 2023 Cloé Korman nous a témoigné de ses multiples expériences d’écriture (romans, articles de presse, essais, discours politiques, contes pour enfants). Nous y avons visité le rapport au temps de l’écrivain, le temps de la préparation et celui de l’écriture, l’illusion du « temps libre » pour écrire, les temps de respiration nécessaire et la mise en mouvement du corps, la nécessité d’avoir une vision d’ensemble, la narration au présent et au passé dans un même roman, la fiction et le récit, l’articulation oral/écrit chez les adolescents dans les ateliers d’écriture…
Les ateliers de l’après-midi ont permis d’offrir des expériences sensibles aux participants. Deux ateliers ont eu lieu en parallèle.
Dans l’atelier « la matière du temps » animé par Esther Galam, les participants ont pu expérimenter les conditions de la créativité individuelle et collective en s’autorisant à accepter d’accueillir l’inattendu et en se dégageant de la pression du résultat.
Dans l’atelier « l’art de la suspension » animé par Bernard Dubois, les participants ont pu vivre l’art créatif de guider et concomitamment de se laisser guider à travers la suspension de tout jugement, de tout automatisme à la recherche de l’instant.
Un temps collectif de réflexion sur les apports de cette journée a conclu celle-ci.